Chère lectrice, cher lecteur, avec un peu de retard, voici deux petits romans qui se glisseront aisément dans vos bagages pour les savourer sur votre lieu de vacances…
Alors que l’été peine à s’installer dans certaines régions de France, et malheureusement je vis dans l’un de ces endroits épargnés par la chaleur et le soleil, je vous offre deux extraits, deux courts romans qui vous feront voyager hors du temps.
Extrait 4 :
LIBRE
(ce roman est dans la liste de l’Education Nationale)
(…)
La fraîcheur du potager apaise ma migraine. Je travaille sans relâche, buvant régulièrement quelques gorgées d’eau à ma gourde. Les tomates attendent sagement dans plusieurs gros paniers tandis que maintenant j’arrache les mauvaises herbes. Puis je m’affaire auprès des salades, des courgettes et des poivrons.
Les légumes sont magnifiques, charnus et d’une belle couleur. Leur odeur me chatouille les narines. Mon regard s’y attarde souvent.
Le visage de Kadu se superpose aux tomates d’un rouge éclatant.
Non ! Je ne dois pas y goûter !
Et si ce qu’il m’a raconté était vrai ?
Je grince des dents et plonge mes mains dans la terre. J’arrache. Je gratte le sol avec mon râteau.
Mon regard se pose sur les tomates.
Encore !
Non, Amu ! Tu n’as pas le droit ! Travaille !
Je fouille, j’arrache, je gratte…
Les tomates m’appellent. Je salive…
(…)
Extrait 5 :
VIVRE
(…)
– Oh ! regarde ça, Gaby ! s’exclama soudain sa mère. Quelle beauté, ce lac aussi brillant qu’un diamant !
Gabriel leva la tête pour jeter un œil vers le hublot que sa mère pointait du doigt. Il fronça les sourcils. Il ne voyait qu’un immense cratère fumant qui crachait sa lave comme un dragon en colère.
– Et là, sur ce plan d’eau ! fit à son tour son père. Ces sortes de canards géants sont magnifiques ! As-tu déjà vu de tels plumages bariolés ?
Gabriel regarda dans la même direction que son père. Il ne distingua rien d’autre que plusieurs tas de cailloux rouges en pyramide sur du sable noir.
Il n’osait pas contredire ses parents. À la fois pour éviter d’avoir à leur parler et de peur de passer pour un idiot. Intrigué, il abandonna son dessin pour coller son nez au hublot. Le paysage qui défilait sous ses yeux changeait aussi vite qu’un battement de cils. À gauche, un océan scintillant parsemé d’écume rouge se matérialisait pour laisser deux secondes plus tard la place à une prairie multicolore. À droite, un troupeau de vaches à plumes se liquéfiait subitement en une multitude de flaques argentées sur un sol aussi sombre que du charbon. Au loin, des montagnes bleu nuit aux cimes recouvertes de neige pourpre s’évaporaient en fumée dans un horizon dégagé et tremblotant.
(…)
Belles lectures et surtout bel été !
On se retrouve à la rentrée…