C’EST L’PRINTEMPS !

Je vais vous offrir quelques extraits de mes romans, vous mettre l’eau à la bouche pour peut-être ensuite dévorer les pages manquantes…

Extrait 1
DANS LES LARMES DE GAÏA

Chère lectrice, cher lecteur, les beaux jours s’installent petit à petit, le soleil s’étire un peu plus tard chaque soir et on espère que la situation de crise s’atténue pour pouvoir profiter de la vie.

Mais revenons aux beaux jours. Ne vous donnent-ils pas envie de vous prélasser sur le sable tiède ou sur l’herbe tendre à l’ombre de grands arbres pour savourer un bon roman ?

Alors parlons bouquin ! Au fil du temps, je vais vous offrir quelques extraits de mes romans, vous mettre l’eau à la bouche pour peut-être ensuite dévorer les pages manquantes…

Et si vous les aviez déjà dégustés ? Dites-nous votre ressenti, partagez, échangez !

Extrait 1 :

DANS LES LARMES DE GAÏA


Le bouton rouge… Je dois appuyer sur le bouton rouge…
L’humanité est engagée dans un conflit sans fin, dans lequel les armes les plus radicales sont utilisées : chimiques, bactériologiques, nucléaires. Dix ans de guerres, d’abominations et de souffrances. Durant toutes ces années, les cerveaux les plus vicieux ont été mis à l’épreuve pour élaborer, aveuglément, des plans fous, des solutions finales dans le but de déterminer un vainqueur…
Une seule issue est possible…
La main se soulève lentement, hésitante… Puis elle se crispe, résolue, comme les serres d’un vautour. L’index se détend subitement et effleure d’une caresse mortelle, le bouton rouge…
Encore un bref instant d’incertitude, mais à quoi bon ? Le doigt enfonce la touche couleur de sang…
Adieu…
Vomi par les satellites tueurs, un déluge de feu s’abat sur ce qui reste de l’humanité.
Alors, dans un dernier sursaut, la Terre pousse un mugissement terrible. Un bruit assourdissant s’intensifie, perce les ténèbres et la brume des cendres des chairs en feu.
Elle, que tous appelaient Gaïa, la Terre-Mère, sent gronder en son sein la révolte. Elle, qui a enfanté les premiers êtres, nourri leurs descendants tout en acceptant leurs faiblesses, leur égoïsme, décide de ne plus se sacrifier. Elle, qui a tant supporté pendant des siècles, refuse de se laisser impunément brûler vive sans réagir !
Mutilée, Gaïa souffre et rage.
Avec une force inouïe, elle se rebelle, et, son sang jaillissant des volcans, engloutit les derniers vestiges des hommes. En gonflant ses poumons, elle provoque raz-de-marée et tremblements de terre, et elle hurle tant que se forment ouragans et cyclones.
Prenant le pas sur la colère, la douleur se propage. Gaïa pleure toute les larmes de son corps et engendre des océans dans lesquels s’abîment les continents. Elle s’arrête juste à temps pour ne pas sombrer dans son propre chagrin, dans sa propre furie, et fait naître du fluide de ses entrailles, les contours d’un continent, destiné à ses enfants survivants… s’il y en a.

Tel un grain de poussière illuminé flottant dans l’océan des larmes de Gaïa, une bulle de vie se dirige au gré du vent, de la mer et de ses courants, vers ce petit bout de terre vierge et sauvage…

(…)

Soudain, Morphée tendit l’oreille. On marchait dans le couloir. Son père ? Il ne vient jamais dans son bureau à cette heure de la nuit ! Paniqué, il se mordit la lèvre supérieure, cherchant un endroit où se cacher. Rapidement, il rangea le livre, plongea la pièce dans l’obscurité et se blottit sous l’aile de ce rapace immuable comme pour quémander sa protection. Il retint sa respiration au moment où la porte s’ouvrit et qu’un rai lumineux frappât la statue de marbre. Effaré, Morphée fixa les lourds panneaux de bois mal joints qui séparaient les deux pièces.
Aussitôt, des voix d’hommes emplirent les lieux.
Il n’est pas seul…
– Installez-vous, invita Loewy avec des intonations graves.
Morphée expira lentement tout en faisant attention à ne faire aucun bruit. Ouf ! Apparemment, personne n’allait venir dans la bibliothèque. Intrigué, il prit le risque de quitter son abri et de se coller contre l’interstice des panneaux. Il reconnut, face à son père calé au fond de son fauteuil de cuir, Omrya le chef de la sécurité vêtu du traditionnel uniforme de soie noire, et deux scientifiques, Lexan et Yolb.
– Quel est le but de cette réunion d’urgence ? senquit Loewy.
Omrya se racla la gorge.
– Cet après-midi, la vigie a lancé une alerte. L’Archebulle se dirige droit vers une énorme masse sombre qui barre tout l’horizon. Je l’ai observée et il semblerait que ce soit un continent ou une île gigantesque…
La mâchoire de Loewy se crispa.
– Quand l’aborderons-nous ?
– Vu la force du courant de ces derniers jours et d’après nos calculs, intervint Lexan, je pense que cela se produira la nuit prochaine.
– Par quel côté de l’Archebulle ?
– Face au quadrant I et à la Zone Interdite.
– Du côté de l’œil, donc, et de la base sous-marine, grommela Loewy.
Morphée, qui suivait la conversation d’une oreille attentive, se raidit. Un œil ? Des sous-marins ? répéta-t-il mentalement abasourdi.
– Vous comptez explorer cette terre, monsieur ? demanda Yolb.
Cette phrase transpirait la crainte et non l’espoir, car le scientifique était un petit homme au tempérament angoissé, ébloui par le charisme, le sang-froid et l’autorité naturelle de Loewy.
Le père de Morphée éclata d’un rire sonore.
– C’est la première terre que nous croisons en vingt ans, depuis que nous dérivons dans l’océan. Depuis la Guerre Ultime. Cela prouve que nous n’en avons pas besoin pour vivre. J’ai créé l’Archebulle pour fuir la folie de l’humanité. Nous y sommes heureux et autonomes. Et vous osez me demander si nous allons fouler ce sol ? Réfléchissez un peu voyons ! Nous ne savons rien de ce continent et sortir serait pure folie !
Yolb poussa un soupir de soulagement. Néanmoins, Lexan insista. Il n’aimait pas Loewy, le riche fondateur de l’Archebulle, et il n’avait jamais accepté que l’Archebulle ne soit pas dirigée par un scientifique.
– Peut-être y a-t-il des survivants ?
– Des survivants ? C’est bien ce que vous me dites, Lexan ? Vous êtes un éminent scientifique et vous êtes à ce point stupide ? Nous sommes les seuls rescapés de la Guerre Ultime ! Vous pensez réellement qu’un humain aurait pu survivre à ce chaos, à cette destruction totale ? Si l’Archebulle n’avait pas été protégée par un écran de forces, on y passait tous, nous aussi !
Lexan n’appréciait pas le cynisme de Loewy, mais il fit marche arrière.
– Je vous prie de m’excuser, monsieur, marmonna-t-il.
Il ne fallait pas irriter le père de Morphée, sinon l’imprudent risquait de régresser dans la hiérarchie des Novi Electi.
– Nous avons calculé que l’inversion des courants devrait détacher l’ARchebulle de cette terre dans cinq jours, ajouta péniblement Lexan. Vous avez toutes les informations dans ce document.
Loewy prit le dossier que lui tendait le scientifique.
– Cinq jours ? Hmmm… Je suppose que ce continent sera visible par tous, demain dans la journée ?
– Exact, monsieur.
Loewy s’adressa au chef de la sécurité.
– Omrya, vous avertirez la population dès l’aurore, pour éviter la surprise et l’affolement. Surtout, précisez bien que la situation ne sera que temporaire : cinq jours.
Le cerveau de Morphée fonctionnait à toute allure. S’ils se posaient la question de fouler cette terre, c’est qu’il devait exister un moyen de sortir ! Dans ce cas, il ne comprenait pas l’attitude de son père. Ce continent était une chance unique de s’évader de l’Archebulle et lui ne pensait qu’à s’en éloigner. (…)

Les éditions d’Avallon – 2020

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